Pensez vous en 2D ou en 3D ?

un article du magazine en ligne relie de mai 2020

Pensez-vous en 2D ou en 3D ?

Si la plupart des enfants pensent en mots, une petite partie d’entre eux pensent « en films » multisensoriels, et peinent dans un système scolaire où les mots fixes dominent. Chantal Wyseur, facilitatrice Davis, propose une méthode de travail pour aider ces élèves qui pensent en 3D.

Si l’on dit le mot « tigre » à des enfants,beaucoup verront l’image d’un tigre, xe, en deux dimen-sions. Mais pour 20% d’entre eux environ, selon Chan-tal Wyseur, ils voient un tigre en trois dimensions, qui bouge, et qui fait partie d’une scène dont ils sont acteurs. C’est ce qu’elle l’explique dans son livre “Pour ne plus ramer à l’école”. Une méthode de travail pour les dys, les haut-po- tentiel et les autres (Desclée de Brouwer). Les penseurs en3D aiment bricoler et construire, ils deviennent souvent photographe, architecte, artiste, électricien ou chirurgien : un métier où une vision en trois dimensions est requise.

Ancien professeur de sciences humaines, ChantalWyseur aidait les élèves en di culté en utilisant une mé-thode appelée Gestion mentale, qui permet notamment de découvrir si l’on est auditif ou visuel. Cependant, elle re- marquait que « la plupart des élèves en profonde di culté ac- cédaient d’abord au sens par le mouvement, le ressenti et le tou- cher ». En 2008, elle a découvert la méthode Davis, fondée par l’Américain Ronald Davis, qui distingue deux types de pensée : la conceptualisation verbale et la conceptua-lisation non verbale. Selon lui, les personnes dyslexiquespensent uniquement en images mentales multisensoriellesen trois dimensions, jusqu’à 14 ans pour certains, et ils gardent cette façon de penser en première approche toute leur vie. Cette manière de comprendre est à la fois un don, et la cause de leurs problèmes scolaires, dans un système dirigé par les « penseurs en mots ».

Se reconnaissant dans cette théorie, Chantal Wyseur est devenue facilitatrice Davis. Le programme de trente heures de travail proposé par la méthode Davis a pour ob-jet de permettre à la personne concernée par la dyslexie moyenne à sévère de trouver la position de son « œil del’imagination », qui cherche à capter une information en 3D depuis une source d’information en 2D. Quand ses sens recueillent ainsi des informations contradictoires, cette personne entre en désorientation, modi e ses per-ceptions et atteint un seuil de confusion. La méthode Da-
vis permet alors au dyslexique d’apprendre à provoquer età interrompre ses désorientations.

Ce n’est pas la méthode Davis que Chantal Wy-seur propose dans ce livre, mais sa « méthode 1-2-3 », pour les penseurs en 3D dont la di culté est légère à moyenne. Cette approche, basée uniquement sur son expérience et non testée scienti quement, a été élaborée « en voyant desenfants en grande di culté de lecture et d’écriture, et/ou decalcul, faire des progrès phénoménaux après être sortis du stress et avoir modelé, avec de la pâte, les lettres de l’alphabet et leschi res ». Pour sortir de leurs di cultés, il leur faut, après avoir fait ce modelage 𐆑 avec de la pâte à modeler blanche de préférence 𐆑, repartir de la pensée en 3D pour arriver à la pensée en 2D demandée à l’école.

Trois zones sont alors distinguées dans le système 1-2-3. Dans la zone 1, celle du lm multisensoriel, la per-sonne est dans le « je » : « Je vis ou revis en imagination l’information, avec son cortège de sensations et d’émotions, je suis dans la scène en acteur ». Dans la zone 2, la personne verbalise : « Je me parle dans la tête ou à haute voix ». Dans la zone 3, celle des images xes, la personne prend la pho-tographie d’une image, d’un objet ou d’un mot et visualise une image xe en 2D sur son écran mental 𐆑 qu’elle peut imaginer au niveau de son front ou du plafond.

Si la personne passe de la zone 1 à la zone 3, elle va ressentir, zoomer sur un détail, photographier l’ensemble, puis emmagasiner les informations intuitivement, mais sans pouvoir les communiquer ; son fonctionnement va être atemporel (sans temporalité) et asocial (sans les autres).

En passant du 2 au 3 sans le 1, l’élève sera en mode « perroquet » : il répétera l’information sans être présent à ses mots ; il apprendra du par cœur en sons, sans com-prendre ce qu’il étudie ; il sera coupé de ses émotions.

Le chemin adéquat pour réussir sa scolarité sera, se-lon Chantal Wyseur, de passer de 1 à 2, puis à 3 : du ressenti au verbal, puis à l’image xe maîtrisée. Ce fonc-tionnement, temporel et social, donne con ance à l’élève. C’est cette méthode de travail que décrit le livre de Chan-tal Wyseur, pour tout âge. Elle pourrait être une piste in-téressante pour les jeunes dyslexiques, à haut potentiel ou ayant un trouble du spectre autistique.


Élise Tablé
9
Zélie n°52 • Mai 2020

magazine zelie mai 2020


Chantal Wyseur

° Auteur, coach Spécialisée troubles de l’apprentissage des penseurs en films (dyslexie, tda/tdah, spectre de l’autisme, hp)

° Davis dyslexia and autism facilitator

° Safe and Sound protocol certified provider.

https://www.chantalwyseur.com
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