Enseignement de l’histoire en communauté française : le fouillis comme méthode de travail

Ce n’est pas la première fois que je tombe sur des élèves en grandes difficultés dans leur cours d’histoire, surtout en 5e et 6e année de l’enseignement secondaire. Que se passe-t-il?

Les élèves doivent travailler sur des sources diverses comme des discours, des articles de presse, des affiches etc.  et construire l’histoire eux-mêmes. Belle blague! Ces malheureux élèves n’ont aucune culture  générale. Un exemple: ils ne savent pas qui sont les « Ottomans »,à quelle époque et où ils vivaient  mais ils doivent rédiger une synthèse sur la question d’Orient!!! Leur manuel officiel imposé est une brique lourdissime remplie de documents classés par thème sans AUCUNE CHRONOLOGIE (*). Un exemple précis: l’élève voit, au cours, l’histoire de Belgique au travers de notes au vol,et de travail sur documents alors que le livre n’a même pas un chapitre sur l’histoire de Belgique. Qui fait donc le boulot pour que l’élève ait une chronologie et surtout pas d’échecs? Maman, Papa ou des profs privés. Bonjour les inégalités sociales!. Mais cette apologie du fouillis n’est pas nouvelle. Ma fille en 1997, devait dans un renommé Institut bruxellois, maîtriser les enjeux et les étapes de la Révolution française uniquement en partant de  10 documents éparpillés. Elle n’y comprenait rien et il a fallu lui donner un vrai cours avec une vraie chronologie pour qu’elle s’en sorte. Ne me dites pas que c’était exceptionnel et qu’elle avait un mauvais prof. Sa prof était l’inspectrice d’histoire à l’époque. Ha ha, marrant non? Un inspecteur d’histoire m’a dit un jour,  alors que je structurais la matière « vous voulez faire des effets de manche!. Il faut les laisser touiller! . La mode pédagogique actuelle, tout occupée à corriger la sécheresse de l’enseignement frontal, s’égare  dans des méthodes hasardeuses et inefficaces.Pour un penseur en films, rien ne vaut un cours construit clairement dans lequel on annonce la matière, on donne des définitions précises, des consignes, et qui se complète par de nombreux exercices d’application de plus en plus complexes. Comme s’ils pouvaient, sans culture générale, reconstituer la Révolution française à partir de dix textes…Non, touiller n’est pas le bon mouvement mental à mon avis. C’est l’apologie du chaos intellectuel. Ceci ne veut pas dire que travailler sur des textes est inutile, évidemment. Mais ce travail doit s’appuyer sur une solide culture historique. Si c’est l’esprit de synthèse ou l’esprit critique que l’on veut exercer, cela peut se faire dans n’importe quel cours et avec des textes adaptés à la culture générale de l’élève. L’exercice de synthèse devrait se faire dans le cadre d’un cours d’étude de la langue française et les exercices d’approche critique d’une information devraient idéalement faire partie d’un cours à part, le cours de critique, qui s’appliquerait tout au autant aux publicités qu’aux informations scientifiques ou à des brochures bancaires. Mais fourrer ces deux exercices super importants pour la formation d’un citoyen à l’esprit éveillé  dans un cours d’histoire qui ne se donne pas les moyens de donner une culture historique générale de base (avec 2h semaine) est hasardeux et dangereux pour la démocratie. Comme on ne connaîtra plus l’histoire, on devra la revivre comme disait l’autre…

(*) preuve comique: dans le manuel officiel du Moyen-Age (une brique verte) , il y a une photo de la chanteuse Shakira en 2è page. Trop drôle.

Chantal Wyseur

° Auteur, coach Spécialisée troubles de l’apprentissage des penseurs en films (dyslexie, tda/tdah, spectre de l’autisme, hp)

° Davis dyslexia and autism facilitator

° Safe and Sound protocol certified provider.

https://www.chantalwyseur.com
Précédent
Précédent

Est-il utile de surcharger la mémoire d’un enfant de primaire avec l’alphabet phonétique?

Suivant
Suivant

Ecrans: danger pour les petits